France 3 Alsace est revenu sur les sept ans de Cœur Paysan Colmar, l’ouverture en 2023 de Cœur Paysan Mulhouse et du P’tit Marché Paysan à Sélestat.
Le reportage de Loïc Schaeffer, Thierry Sitter et Lionel Grandadam a été diffusé le dimanche 17 décembre 2023 dans le cadre d’Ici 19/20 Alsace. S’il n’est plus disponible à l’écran, vous trouverez ci-dessous sa retranscription.
Présentation du reportage par Loïc Schaeffer:
A propos de produits de la terre, on revient ce soir sur l’histoire de Cœur Paysan, un magasin de vente directe tenu et alimenté par des producteurs autour de Colmar. Sept ans que ça dure. Nous y étions avec Thierry Sitter.
Loïc Schaeffer, chez Cœur Paysan à Colmar:
Manger local, connaître la provenance des aliments, de plus en plus cela semble être une évidence, mais c’était moins le cas il y a 7 ans. En Alsace, le magasin Cœur Paysan, tenu par des producteurs, a ouvert ses portes en décembre 2016, a été précurseur en la matière. Regardez ce reportage. Nous étions là la veille de l’ouverture.
[Il montre le reportage d’archives de décembre 2016, sur une tablette, à Denis Digel, fondateur et co-président de Cœur Paysan.]On est un peu comme au supermarché, mais aussi comme au marché. Car c’est le producteur ici qui affiche les prix. Des prix qu’il a lui-même définis.
Denis Digel. La mâche, elle est de mes serres. Et donc, je sais combien il faut la vendre. 9€ le kilo.
Et ça, c’est le bon prix qui vous permet de vivre?
Denis Digel. Qui permet de vivre, de nourrir sa famille, de payer ses salariés – j’ai quand même 10 salariés à payer… Vraiment, c’est un mouvement de fond, qui s’inscrit dans la durée, et qui permet aux producteurs régionaux, locaux, de prétendre à un marché. C’est pas un marché de la grande distribution qu’on touche, là, c’est vraiment un marché où les consommateurs veulent toucher du doigt leur aliment.
Un magasin qui devrait sans doute et rapidement atteindre sa vitesse de croisière.
Loïc Schaeffer. Ca rappelle des beaux souvenirs, Denis?
Des souvenirs magnifiques, le début d’une belle aventure!
Denis Digel. Des souvenirs magnifiques, le début d’une belle aventure, il y a sept ans… On est près de 60 aujourd’hui. Donc on a quasiment doublé le nombre de producteurs. C’est très glorifiant pour nous. Ca me fait très plaisir. Il y a plus de 2.000 références. Voilà, on a des champignons, de la pleurote, du shitake, des produits un peu atypiques.
Loïc Schaeffer. Vous disiez que c’était un mouvement de fond de consommer local. Est-ce que c’est toujours vrai sept ans après, avec les crises successives qu’on connaît?
Denis Digel. Oui, le mouvement de fond est là. De plus en plus de gens s’intéressent à l’alimentation et d’où ça vient, et qui le fait. Certes, [il y a] l’inflation, le contexte géo-politique, donc le porte-monnaie est contraint. Donc les consommateurs font des choix. Ils viennent un peu moins souvent, ils font un peu plus attention.
Loïc Schaeffer. Mais pour autant, est-ce que le fait d’être en circuit court, vous subissez un peu moins l’impact de l’inflation, de l’augmentation des charges?
L’année dernière, chez nous au magasin, on n’a eu que 2% d’inflation, alors que sur l’alimentaire, en frais, en France, c’était 17% d’inflation. C’est considérable!
Denis Digel. Alors nous, on subit l’inflation sur nos exploitations –la hausse de l’énergie notamment–. Par contre, pas les consommateurs chez nous, à Cœur Paysan, comme il n’y a pas d’intermédiaire entre le créateur de produits et le consommateur… L’année dernière, chez nous au magasin, on n’a eu que 2% d’inflation, alors que sur l’alimentaire, en frais, en France, c’était 17% d’inflation. C’est considérable!
Loïc Schaeffer. Donc vous sauvez les meubles et vous faites même mieux que ça, puisse que vous avez ouvert aussi un magasin à Mulhouse au mois de mai…
Un petit frère ou une petite sœur à Mulhouse
Denis Digel. Oui, on avait trop envie de faire aussi une antenne ou une succursale à Muhouse, un petit frère ou une petite sœur. Les élus de Mulhouse sont venus nous voir il y a trois ans, donc un projet qui était déjà en cours depuis un certain temps. L’envie de faire des consommateurs et aussi l’attente des consommateurs. Aujourd’hui, le contexte est compliqué. On a peut-être du mal à trouver nos clients à Mulhouse parce qu’il y a un contexte particulier. Mais on a bon espoir que ça progresse, notamment vers la fin d’année, avec les fêtes.
Loïc Schaeffer. Merci, Denis, et pour en revenir à Colmar, il y a entre 1.200 et 1.500 clients qui viennent chaque semaine ici à Cœur Paysan. On va leur demander pourquoi ils sont si fidèles.
Moi, je trouve mon bonheur ici!
Client 1. Parce qu’il y a déjà plus de goût. Ecologiquement, il n’y a pas tout le transport, et tout ça. Ca fait pas des kilomètres et des kilomètres. Donc c’est les fermiers du coin, les paysans du coin, qui ramènent leur marchandise.
Loïc Schaeffer, à une petite fille. Qu’est-ce que tu aimes bien dans ce magasin?
La petite fille. La saucisse!
Loïc Schaeffer. Ca donne envie?
Cliente 2. Oui, des beaux légumes, ça donne envie. Il y a la viande à proximité aussi, la viande de proximité. C’est hyper pratique. Ca évite de courir à droite à gauche. Moi, je trouve mon bonheur ici!
Cliente 3. Les prix sont acceptables pour ces produits et c’est près de la maison.
Loïc Schaeffer. C’est moins cher qu’en supermarché?
Cliente 3. Non, mais ils sont de meilleure qualité.
Des produits locaux et de saison
Loïc Schaeffer. Et sachez qu’à Sélestat aussi un autre magasin vient d’ouvrir, Le P’tit Marché Paysan, toujours Denis Digel à la baguette, avec des produits locaux et de saison.
[Loïc Schaeffer termine le reportage au milieu du rayon fruits et légumes, en présentant un carton de légumes d’hiver]